Frontera

2017 Frontera IAPLC 28

Frontera – Laurent Garcia – 2017

La création personnelle de Laurent Garcia a pour titre Frontera. Il s’agit d’un aquarium de 300 litres. Mis en œuvre en 2017 dans le cadre d’une pratique de l’aquascaping — le développement de ses plantes et l’évolution de son décor ont requis plus de 8 mois d’un travail assidu. La photographie dépositaire de cette production, a été réalisée le 30 mai 2017.
La même année, Frontera a su se démarquer en obtenant la 28eme place (sur plus de 2000 participants, 3eme Européen) aux championnats du monde d’aquascaping organisés par l’IAPLC.
Paysage aux accents naturels — pourrions-nous déjà dire, cet aquarium est constitué d’éléments interdépendants, c’est à dire de matières minérales, végétales ainsi que d’animaux (entre autres crevettes et poissons). Frontera apparaît comme un tout composé, vivant, harmonieux et équilibré, avec ses imbrications de plans et ses lignes de fuite. C’est véritablement un point de vue qui y est proposé. La végétation prolifère. Un tapis de mousse gagne les profondeurs tandis que des racines et des plantes encadrent le centre de la composition. Là, plus reculées et bordant un chemin de sable, se tiennent des concrétions rocheuses. Celles-ci ouvrent davantage la perspective au travers d’une brèche qui se trouve sur la ligne d’horizon.
L’ensemble baigne dans une lumière particulière. On se retrouve vite transporter. L’eau, qui se fait presque oublier tant la composition de cet aquarium imite la nature « terrestre », se rappelle à nous par ses ondulations. D’une grande poésie, l’oeuvre nous invite vraiment au voyage et à l’imaginaire.

Pour les non-initiés ; Frontera est une réalisation représentative d’une catégorie spécifique en aquascaping. Il s’agit d’un diorama, autrement dit d’un « paysage terrestre ». Ce qui fait l’originalité de ce travail, c’est qu’il associe le paysage de montagne à celui de forêt. Il met en scène un décor naturel autosuffisant, en trois dimensions, dans un milieu aquatique. C’est aussi une création qui a été composée de manière consciente, à une échelle réduite. La Nature, elle, n’est pas consciente de ses œuvres.
Le terme « diorama » nous renvoie, par évocation, aux dioramas du 19eme siècle. Ces peintures monumentales ressemblaient à des décors de théâtre, créant de grands tableaux romantiques et illusionnistes animés par des jeux de lumière. La lumière a ici son importance, bien qu’elle soit de source artificielle. Elle participe à l’ambiance générale. Frontera est aussi un tableau de lumière. Cet aquarium est une composition, nous l’avons dit, une mise en scène d’un décor naturel qui ne ressemble qu’à lui-même. Cette oeuvre n’est pas une fiction de nature, une imitation d’une nature préexistante, comme pouvait l’être la peinture figurative. C’est un microcosme, un univers en réduction avec ses lois d’équilibre et ses relations complexes, un tableau vivant pourrions-nous dire, en perpétuel devenir et dont la conservation, l’entretien à tout le moins, est délicat.
Ce petit monde en réduction promet une l’expérience esthétique assez inédite à chacun d’entre nous. Ce qui rapproche Frontera de la Grande Peinture mimétique, c’est que, à la manière d’un tableau, c’est aussi un seuil, un interface entre la réalité d’une expérience physique et l’imaginaire. C’est une fenêtre ouverte sur le monde. On bascule de l’autre côté du miroir sans s’en rendre compte. Plus qu’un simple divertissement, voici une création qui est propice au rêve.