La conception d’un hardscape en aquascaping
Le « hardscape », traduction du paysage en dur en anglais, est le terme utilisé en aquascaping pour représenter la partie inerte du décor d’un aquarium. Composé de roches, de racines, de bois ou encore des différents éléments composant le sol, il va permettre de définir la structure du décor. En d’autres termes, nous aurions également pu l’appeler la maquette du décor.
Le décor inerte – ou hardscape – va poser les bases de l’ensemble du futur aquascape.
Étape primordiale de la conception d’un décor, le hardscape est la partie qui va poser les bases du futur aquascape.
C’est ainsi qu’avec des éléments tels que des racines et des roches, nous allons définir la forme globale du décor, avant d’en travailler le détail.
À l’étape suivante, ce hardscape servira de support à la plantation. Certains aquascapeurs préfèrent la composition du hardscape quand d’autres donnent leur préférence à la plantation. Mais une chose est sûre, c’est qu’un des objectifs d’un décor réussi passe par l’équilibre
entre ces deux parties, car trop de végétation peut potentiellement noyer un hardscape et ses détails. A contrario, trop peu de végétation donnera l’impression d’un décor non abouti.
Les règles
Un bon nombre de règles et de principes de base va permettre de comprendre comment réaliser un hardscape, comment lui donner un sens, une allure convenable. Les formes globales d’une composition permettront d’équilibrer un décor, quand les différentes notions de construction d’un paysage lui donneront de la profondeur. Certaines de ces notions deviennent
Le décor inerte – ou hardscape – va poser les bases de l’ensemble du futur aquascape.
presque innées pour des aquascapeurs aguerris qui ne s’en préoccuperont presque plus. En revanche, elles seront très utiles pour un débutant qui aura besoin de bases concrètes pour la création de ses premiers hardscapes.
Les formes
Afin de définir l’apparence globale du layout final, nous avons la possibilité de choisir une forme parmi les suivantes :
• Forme convexe : bombée vers l’intérieur, ce type de forme va permettre au décor de s’étaler sur les côtés, allant parfois jusqu’à prendre appui sur les vitres latérales.
• Forme concave : bombée vers l’extérieur, nous allons y référencer les décor plus épurés, dégagés sur les côtés et privilégiant des compositions centrales. Cette forme est généralement plus pratique pour l’entretien de l’aquarium.
• Forme triangulaire : partant d’un point haut pour finir en bas sur le point opposé de la cuve, elle permet de libérer une partie de l’espace pour les futurs habitants. Elle dégage aussi un côté, selon l’emplacement de l’aquarium dans une pièce. Enfin, l’aspect pratique réside dans le fait qu’on peut camoufler facilement le matériel (canne d’aspiration du filtre, résistance chauffante, voire colonne technique…)
Ici, une composition concave.
Voici une forme triangulaire…
Ce type de hardscape est baptisé hardscape convexe.
… Illustrée d’un trait sur cette photo.
La construction d’un paysage
Peut-être vous rappelez-vous de vos cours de dessins, et notamment celui où l’on vous apprend à dessiner un paysage ?
Pour ce faire, votre professeur a sans doute utilisé différentes définitions servant à la construction d’un paysage. Un peintre va s’en servir pour dessiner son paysage, un photographe en tient compte pour trouver les meilleurs angles avant de prendre sa photo… Pourquoi l’aquascapeur ne s’en servirait-il pas également, pour construire son décor ?
La définition la plus importante de toutes est la « perspective ». C’est cette dernière qui donnera l’impression de profondeur à votre décor. Une perspective réussie apporte la garantie d’une base idéale à la réalisation de votre décor final.
La perspective
Afin de matérialiser une perspective, nous allons utiliser plusieurs autres définitions utiles :
• La ligne d’horizon : plus élevée, voire parfois beaucoup plus élevée, que l’avant-plan, cette ligne de fond va permettre de positionner à l’arrière de l’aquarium la ligne d’horizon d’un paysage. D’un style à l’autre, nous lui donnerons plus ou moins de hauteur.
• Un point focal sera l’élément important qui attirera l’œil en premier. C’est un contraste visuel. Il en faut plusieurs dans une composition, et de préférence en nombre impair, pour éviter de tomber dans une forme de symétrie. Une grosse roche ou une grande racine installée en premier plan font l’affaire.
Grâce à la perspective, on va donner une impression de profondeur au hardscape.
• Le point de fuite est l’endroit paraissant le plus éloigné de votre décor. Il doit donner l’impression au spectateur que le décor trouve une suite de l’autre côté. Cependant, c’est une suite trop petite pour être perçue. Il est généralement placé sur la ligne d’horizon.
• Les lignes de fuites : reliant les différents points focaux jusqu’au point de fuite, ces lignes donneront le sens de votre décor.
• Le nombre d’or : grâce à une règle de calcul bien précise, le nombre d’or est utilisé pour définir des proportions harmonieuses en géométrie. Retenons que la proportion de 1 pour 1,618 est retenue, en haut ou en bas, à gauche ou à droite, offrant ainsi quatre possibilités, quatre positions possibles pour le placer. C’est généralement à l’un de ces points que le point de fuite de notre perspective sera positionné.
Utilisons maintenant toutes ces définitions pour illustrer une perspective en dessin.
Un sable blanc, type de Loire, possède un rendu naturel. Il peut notamment être utilisé pour dessiner un chemin.
La roche Seiryu est l’une des plus populaires depuis déjà de nombreuses années.
Les éléments du décor
Parmi les différents éléments constituant le hardscape, nous utiliserons des éléments inertes, mais toutefois naturels. Oubliez tout ce qui touche aux décorations artificielles (épaves, avions, bouddhas, maisonnettes…) car, par principe, nous n’utiliserons que des roches, bois, racines…
Le sol
Le sol peut être composé de plusieurs parties :
• La sous-couche : nous trouverons généralement en premier une sous-couche qui permettra de monter en hauteur la ligne d’horizon pour les décors prévus sur une certaine hauteur. Cette sous-couche doit supporter le poids éventuel de la structure et notamment des roches. Une pouzzolane adaptée (roche de lave concassée) sera particulièrement propice à remplir cette fonction. Avec une granulométrie plus importante qu’un sol nutritif, elle favorisera la circulation de l’eau tout en assurant une stabilité du sol et, en bonus, il s’agit d’un excellent support à bactéries. La pouzzolane peut être utilisée à même le fond de l’aquarium pour constituer une pente régulière, ou encore dans des sachets pour monter ponctuellement des éléments vers l’avant.
• Le sol technique : le sol nutritif choisi est généralement un sol technique car, en plus d’être suffisamment riche pour alimenter des plantes exigeantes, il n’a pas besoin d’être recouvert, favorise l’enracinement des plantes et enfin joue sur les paramètres de l’eau. En effet, grâce à un procédé chimique, il va permettre de stabiliser le pH de votre aquarium et d’en baisser la dureté.
• Le sable : il existe plusieurs types de sables, voire des sables de toutes les couleurs. Gardons toutefois à l’esprit que le décor se veut naturel et nous partirons donc plus sur un sable blanc du type sable de Loire ou de rivière. Il remplira une fonction purement esthétique pour éclaircir une plage avant ou pour dessiner un chemin. Ce dernier revient d’ailleurs souvent dans des décors en aquascaping, car c’est le moyen le plus simple d’attirer l’œil de l’avant de l’aquarium jusqu’au point de fuite (cf. précédemment), amplifiant ainsi l’effet de perspective.
• Le détail : des éclats de pierres à la couleur de la roche serviront à faire une transition visuelle entre les roches et les parties dégagées. Nous les retrouverons par exemple sur un chemin au pied d’une « falaise », rendant ainsi le passage entre les deux parties plus naturelles.
Les roches
Selon le type de décor souhaité, qu’il soit plutôt dans la catégorie de l’Aquarium Nature ou encore des « dioramas », nous allons choisir nos roches et racines en fonction des styles et les proportions nécessaires pour remplir notre objectif visuel.
À l’origine de beaucoup de styles de décors tels que l’Iwagumi ou le Mountainscape, les roches peuvent également servir à des fins plus pratiques comme pour lester des racines.
Il convient de bien choisir ses pierres suivant leur visuel mais aussi leurs caractéristiques, car certaines peuvent être calcaires ou encore ferrugineuses. Attention notamment aux roches trouvées dans la nature qu’il conviendra de tester, notamment par rapport à leur taux de calcaire.
Un autre critère, plus visuel cette fois-ci, est également à prendre en compte : si nous n’utilisons habituellement qu’un seul type de roches pour un même aquarium, ces dernières ne proviennent pas toutes de la même veine, du même endroit. Concrètement, cela signifie que certaines sont plus structurées que d’autres, et toutes n’ont pas exactement la même couleur. Toutefois, ces contraintes peuvent être utilisées comme des avantages en utilisant plus de structures à l’avant-plan ou encore des roches sombres à l’arrière, donnant ainsi une ligne d’échelle supplémentaire.
Les roches les plus populaires en aquascaping sont les « Seiryu Stone » ou « Mini landscape » idéales pour représenter une chaine de montagne ; les « Ohko Stone » aussi appelées « Dragon stone » de couleur ocre, très structurées par leur décomposition naturelle ressemblant pour les plus imaginatifs à du bois ; la roche de lave se déclinant sous plusieurs couleurs d’un aspect très naturel, et que l’on peut même trouver dans le Centre de la France. La roche Glimmer commence à se voir de plus en plus.
Combinaison de racines Talawa et de roches verticales « Dragon stone ». Celles-ci sont également connues sous l’appellation « Ohko Stone ».
La Glimmer est une roche que l’on voit de plus en plus en aquascaping.
La « Spider wood » ou racine araignée est désormais une incontournable.
Les racines
Celles-ci se déclinent sous beaucoup de noms et de variétés. Nous les retrouverons plus fréquemment dans des décors basés sur un esprit « forêt », sauvage, voire naturel tout simplement.
Les racines sont plus faciles à utiliser que les bois, car les branches sont normalement recouvertes d’une écorce qui sera amenée à pourrir dans l’eau. Cela pourrait générer rapidement des départs d’algues, sans contrôle de ce phénomène.
Comme pour les roches, les racines ou bois prélevés dans la nature comportent un risque qu’il convient de prendre en compte. Oubliez tout ce qui est résineux (pins, sapins…), certains bois sont également toxiques (lierre, pieds de vignes traités à la chaux…). Il n’est pas inutile de faire bouillir ou de faire dégorger ces racines avant de les utiliser lorsque cela est possible.
Elles élimineront ainsi leurs impuretés, une partie de leur tanin et seront même déjà probablement lestées avant leur utilisation dans l’aquarium.
La plus connue d’entre elles est la racine araignée, que l’on retrouve également sous plusieurs déclinaisons de noms comme « Spider Wood », racine Asia, vigne rare rouge… Toutefois, nous pouvons aussi utiliser les classiques racines de Mangroves, Mopani, River Wood, Jungle, etc.
Enfin, une dernière variété entrant dans la catégorie des « Treescapes » est « l’arbre Bonsaï ». Nous sommes dans la limite de tolérance des produits considérés comme naturels, cet « arbre » étant une fabrication à base de plusieurs bois et de résine, notamment pour la fabrication du tronc.
L’agencement des roches et des racines
Ces éléments n’ayant plus de secrets pour vous, il s’agit maintenant de trouver le meilleur agencement possible.
Travail de la perspective, mise en place des lignes du dessin… c’est le moment de mettre en application tout ce que nous avons vu précédemment.
Un bon nombre de manipulations sera sans doute nécessaire et un bac à hardscape peut s’avérer utile. Une caisse en bois ou une boite en carton aux dimensions de la cuve, le tout rempli de sable, fera l’affaire.
Attention au sens des éléments et à leur imbrication, car lorsque vous positionnez plusieurs roches côte à côte ou encore les branches fuyantes de plusieurs racines, il faudra faire en sorte que ces éléments suivent un même sens logique. Sans quoi, vous perdrez beaucoup en naturel. Et c’est souvent ce côté naturel, avec des transitions harmonieuses entre les éléments du hardscape, que votre décor final sera abouti ou non.
Votre créativité sera mise à l’épreuve, parfois votre expérience aussi. Il faudra parfois tester plusieurs dispositions avant de trouver la meilleure disposition du hardscape possible. Quoi qu’il en soit, celle qui vous plaira le plus.
Avec « l’arbre Bonsaï », on atteint les limites du décor naturel, ce type d’élément étant manufacturé.
Une « table de travail » vous permettra de concevoir votre hardscape, de le faire, de le défaire, encore et encore. Avant d’arriver à l’ultime moment où, enfin, vous pensez avoir obtenu le décor de vos rêves !
En effet, nous pouvons formaliser et normaliser le sujet tant que possible, l’objectif premier reste avant tout que la composition vous plaise !
Votre créativité sera mise à l’épreuve, parfois votre expérience aussi. Il faudra parfois tester plusieurs dispositions avant de trouver la meilleure disposition du hardscape possible. Quoi qu’il en soit, celle qui vous plaira le plus. En effet, nous pouvons formaliser et normaliser le sujet tant que possible, l’objectif premier reste avant tout que la composition vous plaise !
Le hardscape, et tout le reste…
Nous espérons avoir éclairé votre lanterne en matière de hardscape et que vous y verrez plus clair à ce sujet complexe, mais au combien passionnant !
Celui-ci fait parti des nombreux sujet abordés lors de la formation que nous proposons sur le thème plus global de l’aquascaping.
Pour plus de renseignements, contactez-nous directement à l’adresse contact@aquarilis.fr
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